2018 : année noire pour la collecte de dons malgré une solidarité intacte Abonnés
Cette baisse historique est d'autant plus significative que les dons étaient en constante augmentation entre 2013 et 2017 de 9%. Jusqu'à cette date, la générosité était notamment stimulée par l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF) qui, depuis la loi Tepa de 2017, octroyait aux donateurs une incitation fiscale alors qu'en contrepartie, l'Etat diminuait progressivement ses aides aux acteurs de la solidarité.
Or, ce contexte fiscal a radicalement changé en 2018 puisque l'ISF a été transformé en impôt sur la fortune immobilière (IFI), réduisant significativement le nombre de contribuables assujettis à ce nouvel impôt sur la fortune (150 000 contribuables au lieu de 350 000) et, par conséquent diminué l'attrait fiscal pour la générosité. France Générosités estime ainsi que les dons reçus dans le cadre IFI 2018 ont baissé de 54% par rapport aux dons ISF 2017 (soit une perte estimée entre 130 et 150 millions d'euros).
A cela, s'ajoutent également la hausse de la CSG pour les retraités les plus modestes qui constituent souvent les donateurs les plus fidèles (18% des retraités déclarent avoir réduit leur générosité du fait de cette réforme) ainsi que la mise en place du prélèvement à la source qui a pu générer de l'incertitude chez les donateurs. Il faut également noter que, bien que cette baisse soit globale, elle cache une grande diversité de situations parmi les organisations, et certaines associations ou fondations subissent une baisse de leur collecte bien plus importante que 4,2%.
Toutefois, dans ce contexte morose, l'étude apporte une note d'espoir sur la fidélité et l'esprit de solidarité des Français. En effet, si le montant des dons a fortement chuté, le nombre des dons reçus s'est lui maintenu, preuve s'il en est que cette solidarité ne dépend pas seulement de mesures fiscales. Mais cet esprit est fragile et repose principalement sur des donateurs fidèles mais âgés, alors qu'il est difficile de mobiliser de nouveaux donateurs.
Ces changements structurels obligent donc les associations et les fondations à repenser leurs relations avec leurs donateurs en privilégiant une approche plus directe permettant de mieux sensibiliser et d'expliquer à quoi va servir le don, mais ils doivent également les inciter à davantage de professionnalisation. De façon plus globale, ces changements doivent inciter le monde associatif à se structurer davantage afin de mieux faire valoir ses attentes et faire entendre ses propositions auprès des pouvoirs publics.
France Générosités, "Baromètre de la générosité 2018", Avril 2019.
Romain Boisset le 16 mai 2019 - n°236 de Communes et Associations
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